Le charbon, une énergie fossile à l’avenir radieux ?
L’histoire du charbon est celle d’une success story pleine de rebondissements. Cette énergie fossile fut la vedette de la première révolution industrielle, grâce à l’essor prodigieux des machines à vapeur. Avant d’être délaissée à la fin de la Deuxième Guerre mondiale au profit du pétrole et du charbon. Mais depuis le début du XXIè siècle, le charbon fait son grand retour sur la scène mondiale. Depuis 2017, il se hisse au 2ème rang des énergies primaires utilisées, avec une part de 30%, juste derrière le pétrole qui est à 33%, et devant le gaz qui atteint les 24%. Comment expliquer un tel plébiscite ?
Qu’est-ce que le charbon ?
Avant de comprendre l’engouement suscité par le charbon, définissons-le. Le charbon est une énergie dite “fossile”. Il s’obtient suite à un processus de carbonisation subi par des végétaux fossilisés. Ils sont piégés dans des couches de sédiments avec du soufre, du carbone et d’autres minéraux. Le charbon que nous extrayons aujourd’hui est âgé de 300 millions d’années : il est antérieur aux dinosaures !
Il existe différents types de charbons : la tourbe, le lignite et la houille. Cette dernière est la plus prisée car elle peut concentrer jusqu’à 90% de carbone. Ce qui lui octroie un fort pouvoir calorifique. S’il faut 4,5 tonnes de tourbe et 1,9 tonne de lignite pour équivaloir à 1 tonne de pétrole, il suffit d’1,4 tonne de lignite. Dans certains cas, une concentration de carbone des plus élevées permet l’équivalence entre une tonne de houille et une tonne de pétrole. Le charbon est alors aussi calorifique que le précieux pétrole.
Quels sont les plus gros producteurs et consommateurs de charbon dans le monde ?
Bien que la Chine produise 3747 millions de tonnes (mt) de charbon par an, soit 48% volume mondial. Elle doit en importer quelque 291 mt supplémentaires pour satisfaire sa demande intérieure. Si l’on ajoute à cette liste des producteurs les Etats-Unis (12%), l’Inde (8%) et l’Australie (7%), nous obtenons ¾ du charbon extrait dans le monde en 2016. L’Indonésie (6,3%), la Russie (4,8%) et l’Union européenne (4%) complètent ce palmarès.
En terme de consommation, l’Inde suit la Chine en utilisant 239 mt à l’année. Puis, viennent le Japon avec 188 mt et la Corée du Sud avec 131 mt. Ces deux pays n’extrayant pas un gramme de cette énergie fossile. En effet, ils se fournissent auprès de l’Indonésie, premier exportateur mondial avec ses 410 mt d’exportées, de l’Australie (375 mt) et de la Russie (155 mt). Pour résumer, la Chine consomme près de 50% de la production mondiale de charbon, le duo Inde-Etats-Unis 10%, l’UE 7% et le Japon 3%.
Pourquoi un tel succès du charbon ?
Différents arguments expliquent le recours massif à l’énergie fossile qu’est le charbon. Le premier est géographique : les bassins d’exploitation sont répartis à travers le monde de manière homogène. Seulement 16% de la production mondiale de charbon est exportée. Le transport du charbon est coûteux, or il est possible de l’extraire à peu près n’importe où, ce qui limite cet inconvénient. Cet avantage prévient également les conflits géopolitiques, puisque les gros pays producteurs sont également les plus gros consommateurs.
Ces bassins, en plus d’être dispatchés sur tous les continents, sont accessibles car à ciel ouvert. De plus, le charbon n’implique pas de creuser trop profondément pour être récupéré, ce qui facilite son exploitation.
Enfin, les réserves sont largement supérieures aux besoins. La disponibilité en charbon au 1er janvier 2017 est telle que le monde pourrait encore utiliser cette énergie fossile durant 150 ans. Sans ralentir les cadences de production et de consommation.
Bon marché, compétitif et parfois aussi calorifère que le pétrole. Le charbon aurait tout pour plaire, n’eût-ce été son impact écologique. Présent à hauteur d’un tiers dans le mix énergétique mondial. Il est responsable de 44% des émissions de gaz à effet de serre libérées par le secteur énergétique en 2016. On observe toutefois en Chine, le poids lourd de la production de charbon, une émergence de politiques environnementales tournées vers les énergies renouvelables. De quoi freiner la consommation de charbon, voire reléguer à la Préhistoire cette énergie fossile.