Histoire du changement climatique
La climatologie a pour objet d’étude le climat. À la différence de la météorologie, elle étudie des périodes plus longues et, grâce à la paléoclimatologie, il est possible d’étudier les variations climatiques de la la planète Terre depuis plusieurs millions d’années.
Un des indicateurs qui permet d’étudier le climat - et le changement climatique - est notamment la température moyenne de l’atmosphère au niveau de la surface terrestre.
Le climat sur terre n'a jamais cessé d’évoluer
La source principale d’énergie sur la Terre est le soleil. Jusqu'aujourd'hui, tous les changements du climat ont donc été intimement liés à cet astre. Il existe notamment trois principaux cycles climatiques (de durées différentes) qui ont été identifiés et associés à la mécanique céleste de notre planète. Chacun influe sur la façon dont le rayonnement solaire est capté par la Terre, ce qui influe donc sur le climat. Le premier est celui de la variation de l’excentricité de l'orbite de la terre, qui décrit les variations de la forme de l’orbite terrestre en fonction du temps (le cycle est d'environ 400 000 ans !). Le deuxième cycle est dix fois plus court, puisqu'il est de l'ordre de 40 000 ans : c'est la variation de l'obliquité de la planète. En d'autres termes, il estime la variation de l'inclinaison de la Terre en fonction du temps. Le dernier cycle est le plus court (25 000 ans environ) et s'appelle la précession terrestre. Il décrit le changement graduel d'orientation de l'axe de rotation de notre planète.
Ces trois paramètres sont donc identifiés par les scientifiques comme ayant un impact sur le changement climatique. Ils expliquent principalement les variations climatiques qui existaient avant l'avènement de la civilisation industrielle. Le changement climatique que nous connaissons aujourd'hui est bien trop rapide pour s'expliquer par ces trois paramètres. Il a donc été établi que la cause est humaine, liée à l'émission des fameux gaz à effet de serre.
Ces gaz à effet de serre suivent eux aussi leur propres cycles physico-chimiques. Le problème est que l’être humain a bouleversé ces différents cycles... Le GIEC a établi dans son 5ème rapport que les gaz à effet de serre d’origine anthropique étaient bien directement liés au changement climatique et que ce changement s'accélérera dans le futur si rien n’est fait pour changer nos manières d’émettre ces gaz à effet de serre.
Chronologie d’une prise de conscience mondiale du changement climatique (1827 – 2018)
Mais, depuis la fin du XIXe siècle, l’accélération d’un changement climatique planétaire inquiète.
1827 : Joseph Fourrier utilise le terme ”effet de serre” pour décrire la rétention partielle dans l’atmosphère des radiations solaires.
1896 : Svante August Arrhenius constate que les hommes et leur civilisation industrielle sont à l’origine d’une part importante du dioxyde de carbone (CO2) présent dans l’atmosphère, et que la proportion de celui-ci croit en fonction des consommations de charbon.
1958 : Keeling s’aperçoit vite que ce gaz à effet de serre se répartit uniformément dans tout endroit de la Terre, et ne reste pas confiné aux seuls continents industrialisés. Les taux en dioxyde de carbone (CO2) ne cessent de croître.
1967 : le Rapport Mc Namara prédit un changement climatique planétaire de +2,5°C avant la fin du siècle.
1972 : René Dubos écrit « penser global, agir local » dans son rapport « Nous n’avons qu’une Terre », qui sert de base à la toute première Conférence des Nations unies sur l’environnement de Stockholm (appelée aussi « Sommet de la Terre »). Cette même année le Club de Rome publie le rapport « les limites de la croissance ».
1979 : Conférence de Genève, et lancement du premier Programme de recherche climatologique mondial.
1987 : publication du Rapport Brundtland définissant le développement durable : « Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ».
1988 : le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) est créé. Le GIEC réunit 130 pays, 2.500 intellectuels, 130 représentants des gouvernements, 800 auteurs. Le Groupe I est composé de scientifiques ; le Groupe II évalue les impacts des découvertes scientifiques sur le monde ; le Groupe III étudie les répercussions démographiques, sociologiques et économiques du changement climatique.
1992 : le Sommet de Rio entérine la création de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC ou UNFCCC).
1995 : le GIEC estime que « l’étude des preuves suggère une influence détectable de l’activité humaine sur le climat planétaire ».
1997 : À Kyoto, lors de la 3e Conférence des Parties (COP), 38 pays industrialisés s’engagent dans le protocole de Kyoto à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 5,2% globalement, au cours de la période allant jusqu’en 2012.
2005 : Entrée en vigueur du Protocole de Kyoto, ratifié par 141 pays : 36 pays industrialisés sont dans l’obligation de réduire leurs émissions, les pays en développement n’ont que de simples obligations d’inventaires d’émissions. Les États-Unis et l’Australie, qui émettent plus du tiers des gaz à effets de serre mondiaux, ne sont pas signataires.
2006 : Nicholas Stern estime que l’effort nécessaire pour limiter les émissions de gaz à effet de serre à 500-550 ppm serait de 1% du PIB annuel global, et que ne rien faire coûterait à l’humanité vingt fois plus.
2007 : Le nouveau rapport du GIEC conclut que l’essentiel de l’accroissement constaté de la température moyenne de la planète depuis le milieu du XXe siècle est « très vraisemblablement » dû à l’augmentation observée des gaz à effet de serre émis par l’Homme. Le taux de certitude est supérieur à 90 %, contre 66 % en 2001. La même année, Al Gore et le GIEC reçoivent le Prix Nobel de la Paix.
2008 : Bali, un nouveau cycle de négociations internationales est ouvert. Celui-ci doit prendre fin en 2009 à Copenhague, où un accord international de réduction des émissions de Gaz à Effets de serre doit prendre le relais du Protocole de Kyoto qui expire en 2012.
2009 - COP15 - Copenhagen : négociation internationale pour définir l’après 2012 (remplacer le protocole de Kyoto). Obtention d'un accord international - Chine et USA compris - sur objectifs de réduction, mais non contraignant.
2012 - COP18 - Doha : une seconde période d'engagement du Protocole de Kyoto est décidée jusqu'en 2020.
2014 : Le GIEC parle de risques « élevés à très élevés » en cas de hausse moyenne des températures de +4° C par rapport à la période préindustrielle (« extinction substantielle d’espèces », « risques importants pour la sécurité alimentaire »), mais évoque des risques « considérables » dès un réchauffement de 1 à 2 °C. Une augmentation d’environ 2 °C par rapport à la période préindustrielle pourrait entraîner une perte d’entre 0,2 et 2 % des revenus annuels mondiaux.
2015 : COP 21 et signature de l'Accord de Paris.
2018 : Lundi 8 octobre, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a publié son rapport spécial sur le réchauffement de 1,5 °C. Ce rapport est alarmant et appel à un changement radical.
Deux tiers des Français et Allemands estiment que leurs gouvernements n’en font pas assez pour prévenir les conséquences du changement climatique (TNS Emnid et IFOP – février 2014)
Quelle est la prochaine date clé ?
2020 : C'est le prochain rendez-vous clef. D'une part, En Europe, c'est la fin de la troisième phase du marché des quotas de CO2, et la fin du premier engagement de baisse des émissions de CO2 de 20% issu du paquet énergie-climat. Une bonne occasion donc de mesurer l'efficacité des politiques publiques européennes en matière de lutte contre le changement climatique. Pour l'Accord de Paris, 2020 sera aussi l'occasion de collecter les projections de tous les pays, et pour ceux-ci de renouveler ou non leur ratification à cet accord.
Les équipes du Compte CO2 suivent ces évolutions, et invitent leurs partenaires à les rejoindre pour communiquer au monde leur engagement dans la lutte contre le changement climatique par l’Opération COP21.