Les Etats-Unis et le climat : les élus Américains n’attendent pas Trump pour agir !
En janvier 2018, le Président climato-sceptique Donald Trump n’a pas rejeté l’idée d’un retour des Etats-Unis dans l’Accord de Paris, une décision que les défenseurs de la cause climatique appellent ardemment de leurs voeux. Toutefois, la classe politique américaine n’a pas attendu une volte-face de son Président pour agir contre le réchauffement de la planète.
Un élan politique puissant des gouverneurs et maires
Des initiatives climatiques à l’échelle des états et des villes émergent de toutes parts. Dès l’annonce du retrait des Etats-Unis, le mécontentement s’est exprimé dans de grandes villes américaines : la pointe de World Trade Center ou encore la mairie de Boston se sont illuminées de vert en signe de protestation. Des manifestations ont suivi et se sont déroulées à Washington et à New York ; autant de symptômes d’une Amérique qui souhaite prendre ses responsabilités dans la lutte contre le réchauffement climatique, et ce grâce à des politiques locales.
Le système américain a ceci de particulier que les états disposent d’une marge de manoeuvre politique par rapport aux ordres émis par la Maison Blanche. Cette liberté permet à des élus de tendre vers le respect des engagements fixés par l’Accord de Paris à l’échelle de leur Etat ou de leur ville.
Pas moins de 17 gouverneurs ont créé la United States Climate Alliance, soit l’Alliance étasunienne pour le climat. Ils proclament ainsi leur volonté de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Ils ont officiellement plaidé auprès des acteurs de la COP la possibilité d’une prise en compte de ce type actions infranationales de ce type en tant que “soumission parallèle à l'Accord”.
Le Regional Greenhouse Gas Initiative (RGGI) engage spécifiquement les états du Connecticut, du Delaware, du Maine, du Maryland, du Massachusetts, du New Hampshire, de New York, de Rhode Island et du Vermont à plafonner et réduire les émissions de CO2 dans le secteur des énergies. Ces états visent une réduction de 2,5 % par an jusqu'en 2020.
La Californie, bonne élève américaine en matière de climat
La Californie s’implique également dans ce combat puisque certains de ses représentants siègent aux côtés de ceux du gouvernement du Québec et de l’Ontario au conseil d’administration de la Western Climate Initiative, une organisation qui “vise à la mise en œuvre des systèmes d’échange de droits d’émissions de gaz à effet de serre des États et provinces membres”.
Le gouverneur de la Californie, Jerry Brown, a également lancé avec l’ancien maire de New York, Michael Bloomberg, le collectif America’s Pledge. Elle a pour vocation de répertorier et documenter les initiatives d’états, villes, entreprises et autres acteurs non gouvernementaux en faveur d’une réduction des émissions de gaz à effets de serre.
Une mobilisation du monde économique
A l’instar d’élus, des entreprises américaines ont donc manifesté leur opposition à la politique climatique de Donald Trump. Qu’ils soient poids lourds de l’industrie pétrolière, du cinéma ou de l’automobile, de grands patrons ont publiquement déploré la décision du Président. Certains, qui avaient intégré des groupes de conseil dans l’administration Trump, ont démissionné.
C’est le cas d’Elon Musk, l’entrepreneur et producteur de voitures électriques, connu pour sa défense des énergies renouvelables : “Quitter Paris n'est pas bon pour l'Amérique et le monde”, a-t-il martelé dans un tweet du 1er juin 2017. La vague de départs s’est poursuivie avec le PDG de Disney, Robert Iger, tandis que le numéro 1 mondial en construction automobile General Motors réaffirme son désir de défendre activement la lutte contre le réchauffement climatique. Jeff Immelt, patron du conglomérat industriel General Electric, exhorte le monde des affaires à s’investir en lieu et place du gouvernement pour changer la donne, quand Lloyd Blankfein, PDG de Goldman Sachs, qualifie de “revers” pour le climat et les Etats-Unis ce retrait de l’Accord de Paris.
Assez curieusement, les magnats du pétrole désapprouvent l’action présidentielle car demeurer dans l’Accord de Paris permet de rester au fait des décisions prises en matière d’énergies et de technologies futures, soit l’occasion de peser dans les débats et d’anticiper des changements cruciaux dans le domaine. En quittant cet accord, Donald Trump a rendu sourds et muets des PDG comme Darren Woods d’ExxonMobil ou John S. Watson pour Chevron.
Tant que le Texas, état le plus émetteur des Etats-Unis, ne s’impliquera pas aux côtés de ses homologues, le doute persistera quant à la capacité des Américains à respecter les préconisations de l’accord de Paris. Toutefois, les exemples de Seattle qui interdit les pailles en plastique, de Baltimore qui dépollue ses eaux avec une machine de collecte à énergie solaire, ou encore de Los Angeles qui repeint son asphalte en blanc pour abaisser les températures, incitent à l’optimisme.