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La transition énergétique passera par le logement

L'urgence climatique et environnementale nous commande de revoir entièrement notre modèle énergétique, de transformer une économie basée sur la production d'énergie fossiles ou nucléaire en une société fondée sur les énergies vertes et renouvelables. Ce débat passionné oblige chaque partie à dévoiler ses arguments, à prendre parti pour ou contre la transition énergétique telle qu'elle est menée actuellement, et à imposer son propre modèle de transition énergétique. D'aucuns misent sur le développement de l'énergie éolienne, d'autres sur le solaire ou le tout-nucléaire. Toute l'attention est focalisée sur la production or un problème majeur semble avoir été occulté ou du moins sous-estimé : la refonte énergétique du parc de logement français. Plus qu'un simple sujet annexe, la mise aux normes environnementale des logements comporte des enjeux sociaux, économiques et écologiques inhérents à la problématique de la transition énergétique.

Réduire nos consommations énergétiques pour réaliser la transition énergétique

L'objectif de la loi de transition énergétique est de réduire à 50% la part du nucléaire dans l'économie française d'ici 2025, et de remplacer cette énergie nucléaire par des sources d'énergie vertes. Pour arriver à cela il faut néanmoins prendre en compte le fait que les centrales nucléaires sont aujourd'hui les installations les plus performantes.

Prenons l'exemple de la production éolienne pour illustrer notre propos. Une centrale nucléaire comme celle de Cattenom en Moselle (5,2GW de puissance) produit l'équivalent énergétique de plus de 860 éoliennes off-shore (6MW de puissance). Une étude du physicien Jean-Marc Jancovici  sur le potentiel de l'éolien a ainsi mis en avant l'absurdité de cette solution à l'heure actuelle : pour couvrir l'ensemble des besoins énergétiques de la France en éolien il faudrait lui adjuger 5% du territoire total, et ceci à condition que les éoliennes fonctionnent à pleine puissance sur tout le territoire.

Si la réduction des émissions de CO2 en France passe en priorité par le développement des sources d'énergies vertes et leur substitution aux autres sources d'énergie d'origine fossile,  la refonte du parc de logement est un objectif tout aussi important.

Un des moyens les plus efficaces pour réussir la transition serait donc de diminuer sensiblement les consommations énergétiques à la source, c'est-à-dire au sein même des foyers. L'isolation des combles ou des murs, le changement des fenêtres, le remplacement d'une porte, tout ces travaux ont la vertu de stopper les pertes d'énergie lorsqu'ils sont effectués dans un logement particulièrement énergivore.

Une considération environnementale et sociale

L'appel de l'Abbé Pierre de l'hiver 1954 a malheureusement toujours du sens aujourd'hui. On pourrait penser que les conditions d'habitation se sont améliorés, ce qui est probablement le cas, cependant l'INSEE recensait en 2015 encore 3,8 millions de foyers consacrant plus de 10% de leur revenus aux charges d'énergie comme l'électricité, le fioul ou le gaz.

Les ménages les plus fragiles ne peuvent supporter indéfiniment la hausse du prix de l'énergie induite par la transition énergétique, c'est pourquoi il est nécessaire de procéder à une rénovation énergétique globale des logements délabrés. La croissance rapide du prix de l'énergie - électricité en premier plan - touche sévèrement les foyers humbles, qui de surcroit occupent souvent les logements les plus insalubres. L'effet Saint Matthieu n'est plus à prouver ; plus un ménage est humble plus il a de chances d'être victime d'inégalités économiques, sociales, et culturelles. Les inégalités sont cumulatives. Ce constat vaut pour le logement où les locataires et les agences auront tendance à proposer leurs plus mauvais logements pour les familles les plus modestes.

Or l'isolation des murs ou du sol diminue les consommations énergétiques de 25% dans le meilleur des cas, la part monte même à plus de 30% pour la toiture et les combles. C'est l'occasion idéale pour réduire nos émissions de CO2 tout en augmentant le niveau de vie des populations les moins bien rémunérés.

Un écueil reste à esquiver, en 2014 l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) évaluait à 288 000 le nombre de rénovations énergétiques accomplies pendant l'année 2014, mais sur ces travaux de rénovation un pourcentage faible avait été réellement efficace. La plupart des ménages avaient privilégié le changement des fenêtres sur l'isolation des combles, un choix au final peu judicieux. Il est donc nécessaire d'accompagner les personnes enclines à réaliser des travaux rentables dans leur logement, ce que fait très bien l'espace info énergie du gouvernement.

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